Cannes 2016 – Aquarius

Posted by VisiteurDuSoir in Actualité, Critiques de films

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Aquarius
De Kleber Mendonça Filho
Festival de Cannes 2016, compétition du 17 Mai

Les cinéphiles avaient découvert il y a 3 ans le premier long métrage du cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho, aujourd’hui âgé de 48 ans : Les Bruits de Recife.

Tourné dans sa ville natale, ce réalisateur, ancien journaliste et critique de cinéma,  scénariste, ingénieur du son, nous proposait sous des faux airs de documentaire, une radiographie d’un quartier de la classe moyenne de sa ville, à travers le regard de plusieurs de ses habitants qui révélait une paranoïa sécuritaire et la persistance d’archaïsmes dans les rapports de classe.

Avec AQUARIUS, toujours tourné à Recife, il nous propose, à travers le portrait d’une femme d’une soixantaine d’années bien sonnées, une critique acerbe de la société brésilienne.

AQUARIUS est le nom de la résidence dans laquelle Clara, journaliste musicale à la retraite et veuve, vit seule dans un vaste appartement lumineux avec vue sur l’océan, où elle a élevé ses 3 enfants et où elle a accumulé une quantité d’objets, de disques et de souvenirs.

Elle est la dernière habitante de cet immeuble soumis à la spéculation, promis à la démolition  et dont tout le monde est parti. Clara se refuse à considérer l’offre de reprise que lui fait le promoteur et n’est pas prête à céder son bien pour rien au monde malgré les reproches de ses anciens voisins et les incitations de ses propres enfants.

Le film s’organise en 3 chapitres :

  • Chapitre 1 : les cheveux de Clara

Nous sommes en 1981 et nous apprenons dès les premières minutes que Clara vient de se remettre d’un cancer du sein.

  • Chapitre 2 : le fiancé de Clara

40 ans plus tard, Clara a vieilli, mais l’âge et les drames ne l’ont fait renoncer à aucun de ses désirs même si l’ablation d’un sein la rend moins désirable

  • Chapitre 3 : le cancer de Clara

Les épreuves lui ont forgé un caractère entier et Clara finit par transformer cet handicap en force dynamique face aux vexations et aux manœuvres de déstabilisation dont elle fait l’objet.

Le film renvoie à l’image de la société brésilienne comme organisme métastasé, pays de la domination d’une partie de la population sur une autre et où la situation sociale dépend encore de la teinte de la peau.

Sonia Braga prête au personnage de Clara une intensité et une présence inoubliable ; elle transmet au spectateur son énergie et son dynamisme qui font que le film n’est jamais larmoyant et même, au contraire donne du courage et de l’espoir.

- Henri Bouchous, Ciné-club des Cinéphiles de La Poste

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