Cannes 2016 – Ma’Rosa

Posted by VisiteurDuSoir in Actualité, Critiques de films

Image
Ma'Rosa
De Brillante Mendoza
Festival de Cannes 2016, Compétition du 18 Mai

Ma’ROSA est le seizième film en 30 ans de ce réalisateur de 55 ans qui a redonné vie au cinéma philippin après le décès en 1991 de lino Brocka.

Ce prolixe cinéaste, qui tourne tout le temps, est un adepte du huis clos et du voyeurisme teintés de violence.

MA’ROSA est l’histoire d’un couple, Rosa et Nestor, qui profite de son échoppe « sari sari »  pour vendre de la drogue. Un jour, à la suite d’une dénonciation, la police lui tombe dessus.

Une partie de l’intrigue se situe dans un commissariat où sont amenés Ma’Rosa (Jaclyn Jose – Prix d’interprétation féminine pour ce rôle) et son mari, et l’autre partie dans les rues que sillonnent les enfants du couple afin de réunir la somme exigée par des policiers corrompus pour libérer leurs parents : L’ainé tente de fourguer une télé invendable et sa sœur, d’attendrir une parente, généreuse sous ses airs de harpie. Le benjamin, lui, essaie d’extorquer du fric à son vieux client fou de lui.

Le cinéaste filme toujours aussi bien Manille, sa ville, ses habitants qui survivent tant bien que mal dans un dénuement total, ses flics corrompus jusqu’à l’os, qui rançonnent leurs prisonniers.

Entièrement filmé à l’épaule, les plans heurtés, agités, flous, la bande son violente… pourront dérouter certains spectateurs mais Brillante Mendoza a depuis longtemps justifié son style de réalisation lorsqu’il a déclaré un jour :

 

« Mon cinéma est brutal parce que j’essaie de faire ressentir au spectateur, physiquement et émotionnellement, le malaise des personnages confrontés à la cruauté. Certains n’apprécient pas : ceux qui préfèrent se sentir à l’abri. Mais ma responsabilité de cinéaste, c’est de filmer et raconter les choses terribles qui se passent autour de moi… je ne pense jamais à ce que je devrais montrer ou pas et je n’attends de personne qu’il me le dise, pas même mon public. Tant que je me sais sincère, tant que j’ai la conscience tranquille, je filme »

Image

C’est peut-être aussi cette conception qui rend le film si bouleversant en dépit des scories techniques qui lui seront forcément reprochées.

- Henri Bouchous, Ciné-club des Cinéphiles de La Poste

Tags: Brillante Mendoza, Cannes 2016, Compétition, Critique, festival, Henri Bouchous, Ma'Rosa, Philippines