Mort de Luce Vigo et Jacques Maréchal

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Notre amour du cinéma est douloureusement frappé par la disparition de deux amis qui furent, durant des décennies, des compagnons de route.

LUCE VIGO

Luce ne fut pas seulement la fille de Jean Vigo 

Elle portait, certes, pour nous, la lumière vivante de l’œuvre de son père mais elle était en même temps et plus encore sans doute, la sœur du combat que nous menons pour la liberté du cinéma.

Sans doute avait-elle hérité de la pensée exigeante et généreuse d’un père qui, disparu si jeune, n’avait pas eu le temps de la lui transmettre directement de son vivant.

Jean VIGO, avant de se révéler, par son œuvre, comme le plus grand, avait déjà tracé le chemin de ce qui allait être la ligne de conduite de Luce et la nôtre.

En septembre 1930, il créait à Nice le ciné-club « Les Amis du Cinéma » qu’il allait animer durant deux ans avec la programmation de films qui appartenaient déjà au patrimoine et dont il fallait tout apprendre, de Crainquebille au Potemkin, au Dernier des Hommes, à La Nouvelle Babylone, etc…

C’est dans cet esprit que Luce, à son tour, accomplit l’œuvre de sa vie, en transmettant cet « esprit ciné-club » dans tous ses engagements professionnels et personnels pour la connaissance de l’histoire du cinéma et le soutien à la jeune création. Nous la retrouvions partout dans les lieux les plus inattendus ou les plus prestigieux comme celui, naguère, de la Fédération Internationale des Ciné-clubs et encore hier à la proue du Prix Jean Vigo.

Nous n’oublierons pas sa leçon de courage et de gentillesse.

JACQUES MARÉCHAL 

Il fut, de tous les distributeurs indépendants, le plus apprécié et le plus fidèle de nos partenaires. Lui aussi, comme beaucoup de « professionnels de la profession », a été, d’abord, un aficionado du mouvement Ciné-Club, ce qui l’a mené à créer, avec Jean GABORIT, une société de distribution pas comme les autres et dont le nom était déjà tout un programme : LES GRANDS FILMS CLASSIQUES. Il fut, ainsi, celui qui donnait accès aux œuvres des plus grands : Visconti, Welles, Bergman, les Marx, Capra, Buñuel, Stroheim, Allen et bien d’autres, sans oublier Chaplin et Keaton. Mais, sa plus grande gloire fut sans doute d’avoir réussi à restaurer et à reconstituer, dans la version authentifiée par Jean RENOIR lui-même, LA RÈGLE DU JEU, souvent considéré comme le modèle du chef d’œuvre cinématographique. Ce fut un travail long et difficile, mené avec Jean GABORIT pendant près de 6 années et qui aboutit à la redécouverte et au triomphe du film, en 1965.

Lui, le fidèle des fidèles au cinéma d’auteur, n’était pas entré dans le vertige des inventions numériques, s’éloignant du brouhaha de certains festivals. Nous ne saurons jamais quelle image du cinéma occupait son esprit à la minute où sa vie fut brisée. Nous le rencontrerons encore longtemps dans nos souvenirs.

 Janine BERTRAND et l’équipe d’INTER FILM

15 février 2017

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