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FICHE TECHNIQUE

 

Source fiche technique  : Wikipedia 

RESUME

Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.

CRITIQUE

Cannes 2018, Un Certain Regard Prix du meilleur acteur

Le corps transfuge ou l’impossible accord.

Avec Une femme fantastique, Tom Boy pour ne citer que ces exemples, le thème du « trouble dans le genre » dessine la cartographie sociale, familiale de la discrimination. Le rejet de l’autre se manifeste avec violence et cruauté.

Girl au contraire met en scène la douceur, la bienveillance d’un père complice, l’attention du corps médical, l’ouverture du monde de la danse à la différence. La blondeur diaphane de Lara est une surface dont Victor dans le miroir affirme la nécessaire profondeur. Le corps est le support de l’identité, de son identité rêvée. Le film montre une trajectoire individuelle. Victor se lance un double défi : devenir femme et danseuse. Quasi documentaires les visites aux médecins spécialistes alternent avec l’entraînement harassant du corps de ballet. Les traitements hormonaux la fatiguent. L’opération est reportée. Nous est expliqué le déroulé précis des actes chirurgicaux.

A l’école de danse Lara tombe, se relève, tente de se fondre dans la troupe féminine. Son corps résiste, ses pieds sont en sang. Double chemin de croix qu’elle inflige au corps neutre de la danse comme au corps sexué qu’elle abhorre. La caméra ne quitte pas le visage, les hanches, les seins de Lara, peignant la déchirante mélancolie d’une volonté et d’une impossibilité. Lara ne se soumet pas. La tourbillonnante accélération de la chorégraphie accompagne le désir de Lara de voir son corps changer plus vite. Lara dans l’intimité, devant la glace, Lara avec son petit frère, Lara au cours d’une fête de famille affirme sa féminité contre le mur têtu du destin génétique.

Toujours sobre, délicat et frontal le film de Lukas Dhont explore le prix à payer lorsque la représentation intime du corps ne coïncide pas avec le sexe inscrit sur une carte d’identité.

Le trouble est intense de comprendre par un rôle de composition (Victor Polster Prix d’interprétation masculine) la vérité d’une quête existentielle certes marginale mais révélatrice des liens problématiques entre le corps et l’esprit. Lara marche enfin heureuse, sortie de l’adolescence, vers ce destin qu’elle a plié à son obsessionnel désir d’être elle-même.

Annie Demeyere