Mostra de Venise 2015

Posted by VisiteurDuSoir in Actualité, Critiques de films, Festivals

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La 72ème édition de la « Mostra » de Venise qui vient de s’achever aura été comme chaque année caractérisée par une grande diversité (et donc une grande irrégularité de la qualité) des films sélectionnés. 2015 n’était certainement pas un grand cru si on le compare au temps où la Mostra faisait découvrir les chefs d’œuvre du cinéma japonais (Kurosawa) ou chinois (Hou Hsiao Hsien, Jia Zhang Ke), mais il y a toujours des choses à glaner dans ce festival, malgré la « concurrence » de ceux de Rome, Toronto, Telluride ou Locarno.

L’article qui suit est un compte-rendu subjectif de quelques-uns des films présentés à la Mostra de Venise du 02 au 12 septembre 2015.

Nous indiquons en particulier les films sur lesquels nos intentions d’acquisition de droits peuvent porter.

Par ailleurs, il faut bien comprendre qu’à l’instant actuel il nous est impossible de savoir quels seront parmi tous les films recensés ceux qui connaîtront une diffusion en France. Les films français seront certainement distribués mais à une date généralement non encore fixée. Pour les films étrangers et les restaurations, ce sera du coup par coup. Ne considérez donc pas, hélas, que tous ces films figureront un jour prochain au catalogue de la fédération.

Cette année, la bonne surprise est venue de la sélection française avec au moins trois excellents films : 

Marguerite de Xavier Giannoli, un superbe poème d’amour de la part d’une chanteuse (Catherine Frot) qui chante faux et mal mais persévère par amour de son mari volage et tout simplement par un vrai amour de la musique, même si elle la dessert. Ce film sort en salles en ce moment et nous espérons qu’une fois son succès commercial accompli, ce que nous lui souhaitons, la fédération puisse acquérir les droits pour mieux faire apprécier au-delà du drame tragi-comique de l’héroïne, la qualité de l’écriture d’un film fondé sur la mémoire des années folles, de Dada et de Tristan Tzara, et le souvenir-hommage à Citizen Kane de Welles et au grand cinéma américain. Cet achat se ferait comme pour tous les autres achats de droits dans le cadre de la Cofécic (Coordination des fédérations de ciné-clubs).

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Second film français brillant; L’Hermine de Christian Vincent. La fédération avait en son temps acquis et fait connaître le premier film de Christian Vincent (La Discrète). On est évidemment très heureux de voir confirmé le grand talent découvert il y a plus de 20 ans dans ce dernier film. Malheureusement le distributeur du film ne vend strictement aucun droit et ce film figurera naturellement dans notre prochain catalogue mais avec les prix très élevés imposés par ce distributeur français.

Troisième très bon film français : Tempête de Samuel Collardey, troisième film de ce réalisateur et dont la fédération a acquis les droits du second film (Comme un lion). Belle et dure histoire d’un marin-pêcheur qui tente de se mettre à son compte pour mener une vie familiale plus normale. Comme pour les pêcheurs du chef d’œuvre de Luchino Visconti (La Terra trema 1948), ce sera l’échec devant les réalités implacables du marché et des financeurs. La fédération va engager des négociations pour acquérir ce film.

Autre film lié à la France, Francophonia d’Alecsander Sokurov, magnifique poème à la France, à la culture française et au Louvre et réflexion politique sur les relations entre l’art et le pouvoir qui se déroulent du temps de l’occupation nazie de la France mais trouvent un écho actuel au Moyen Orient avec la destruction des chefs d’œuvre du passé par des fanatiques. La fédération tentera de négocier l’achat de ce très beau film qui éclipse les pales tentatives récentes sur la National Gallery.

Quant à Madame Courage de l’algérien Merzak Allouache, le film a suscité notre intérêt, mais il n’a pas encore de distributeur en France et il ne nous a donc pas été possible d’entamer une négociation, mais nous restons attentifs.

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Enfin signalons pour mémoire Lolo de Julie Delpy, grosse comédie à casting de choc qui amusera certainement le grand public mais qui ne nous a pas franchement convaincus.

La sélection italienne nous a semblé plutôt faible avec le raté majeur – de notre point de vue – de L’attesa de Piero Messina, dont le scénario aux circonvolutions un peu vaines n’est pas vraiment sauvé par le talent de Juliette Binoche, à la belle présence dramatique et torturée rappelant Camille Claudel.

Marco Bellocchio, très attendu, a réalisé un film fourre-tout (Sangue del mio sangue) qui réunit deux courts métrages sans lien tournés dans son village natal de Bobbio. De l’art d’accommoder les restes, mais la sauce ne prend pas.

Nous avons été également un peu déçus par La prima luce de Vincenzo Marra, un auteur que nous apprécions pour Vento di terra, Tornando da casa ou L’udienza è aperta.

Le seul film italien qui ait réellement suscité notre intérêt parmi ceux que nous avons pu voir est Viva la Sposa d’Ascanio Celestini, une sorte de chronique pasolinienne de trois héros en marge dans la périphérie de Rome. C’est un auteur à suivre mais il est peu probable que son film sorte en France.

Des amis sardes nous ont signalé, mais trop tard, le film posthume de Claudio Caligari, Non essere cattivo, que nous essaierons de rattraper prochainement.

Signalons pour mémoire le film de Jerzy Skolimowski, Onze minutes, vain exercice de style cent fois vu sur les mêmes instants vécus par une série de protagonistes qui ne se connaissent pas et qui nous fait regretter le talent autrefois déployé par son auteur lorsqu’il faisait Travail au noir, film acheté et diffusé en son temps par la fédération. Le film fait pâle figure comparé aux modèles du genre que sont Ultime razzia de Stanley Kubrick, ou encore Short Cuts de Robert Altmann.

Banal également et sans vraie analyse politique nous est apparu El Clan de l’argentin Pablo Trapero, l’histoire d’une série de kidnappings mafieux située à l’époque de l’atroce dictature des militaires en Argentine.

Nous ne dirons rien du film d’Amos Gitai sur Rabin, le dernier jour qui dénonce la collusion des extrémistes israélites avec le Likoud et son chef d’alors, un certain Benjamin Netanyahou, car nous ignorons tout des conditions de distribution de ce film.

Par ailleurs nous avons adoré certaines restaurations de films présentés notamment par la Cinémathèque de Bologne :

Vogliamo i colonnelli de Mario Monicelli (1973, hilarante comédie satirique brillamment portée par Ugo Tognazzi),

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I mostri de Dino Risi (1963, film à épisodes savoureux permettant à l’extraordinaire Vittorio Gasmann de déployer toute sa virtuosité dans une série d’imitations d’accents vertigineuse; nous y retrouvons également Ugo Tognazzi),

Pattes blanches de Jean Grémillon (1949, remarquable drame poétique, très étonnamment accompagné par l’une des musiques originales de film les plus modernes de son temps, composée par Elsa Barraine),

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La Lupa de Alberto Lattuada (1953, librement adapté du roman de Giovanni Verga, très sous-estimé à l’époque par la critique italienne de gauche qui ne trouvait pas le film assez néo-réaliste, et par la critique de droite qui lui reprochait sa sensualité),

Amarcord de Federico Fellini (1973, l’un des chefs d’oeuvre les plus autobiographiques de Fellini, accompagné par la désormais célebrissisme musique de Nino Rota),

Ou encore Les garçons de Fengkuei de Hou Hsiao Hsien.

Tous ces chefs d’œuvre figureront bien entendu dès que disponibles en version restaurée au catalogue de la fédération.

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