La famille Asada
Ryôta Nakano, Japon, 2020
2h07min
Comédie

La famille Asada est un film réalisé par Ryota Nakano en 2020. Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main. C’est un film inspiré de l’histoire vraie d’un photographe qui est devenu bénévole dans la restauration de photographie, suite au séisme et au tsunami qui ont causés de grosses pertes au Japon en 2011.
Ce film parvient à trouver le parfait équilibre entre humour et drame, tout en réussissant à capturer avec justesse les sentiments des personnages, auxquels l’on s’attache très rapidement. A l’image du personnage principal, Masashi Asada – qui « refuse d’appuyer sur le déclencheur (de son appareil photo) avant d’avoir compris son modèle » – le réalisateur tente tout au long de son film de voir et de nous faire voir ce qui se cache derrière ses personnages. Le film dresse des portraits qui évoluent au fil des années : des portraits très différents les uns des autres, mais qui pourtant se mêlent, se croisent, se détachent et se retrouvent enfin.
On suit le personnage de Masashi dès son plus jeune âge, et l’on perçoit une grande sincérité et un joie de vivre chez lui lorsqu’il est enfant. Ces qualités, qui ont souvent tendance à s’affaiblir à l’âge adulte, persistent chez Masashi, et se retrouvent dans ses photographies. Elles semblent d’ailleurs être contagieuses, car c’est lui qui encourage ses proches à ne pas renoncer à leur rêve d’enfance, et à ne jamais baisser les bras. Masashi est un personnage qui garde son âme d’enfant, et qui pratique un métier qui consiste justement à capturer quelque chose ou quelqu’un afin qu’il échappe au passage destructeur du temps. Dans la deuxième moitié du film, lorsque Masashi devient bénévole dans les ruines causées par le violent séisme de Tōhoku en 2011 au Japon, le temps comme destructeur se fait particulièrement sentir : tout peut basculer en quelque instants, mais les photographies sont des éléments sur lesquels on peut toujours compter lorsque l’on a perdu tout le reste. Dans une séquence marquante, une enfant fait visiter au photographe sa maison qui a été détruite par le tsunami, comme si celle-ci était encore intacte. Le squelette de sa maison est montré dans un plan large en plongée, ce qui permet de souligner que ce que l’on croyait solide peut finalement être détruit en quelques instants. Cependant, La famille Asada n’est pas un film tragique sur la destruction. Au contraire, c’est un film qui met l’accent sur la reconstruction et l’entraide. Les photographies participent à cette reconstruction, car elles ne sont pas éphémères. Les photos deviennent donc au centre de l’image, et les ruines passent (littéralement) en second plan.
La famille Asada est un film où la bienveillance transperce à chaque plan, avec la volonté d’aider les autres. Les liens familiaux sont particulièrement mis en avant, avec la volonté de rassembler : lorsque Masashi va commencer à photographier des familles, il va d’abord engager une discussion avec eux dans le but de trouver des fondements communs malgré les différences de générations. Pour le photographe, ce qui compte ce n’est pas seulement le résultat de sa photo, mais aussi le moment et les circonstances dans lesquelles la photo a été prise, pour que celui qui la regarde puisse éprouver à nouveau la joie qu’il a ressenti à cet instant. Il ne s’agit pas de capturer seulement un sujet, il s’agit de capturer un sentiment de joie qui perdure indéfiniment.
Madeleine Lèbre
Bande annonce
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