Posted by VisiteurDuSoir in Actualité, Catalogues, Critiques de films
Le catalogue Rubans de rêve s’est enrichi récemment d’une douzaine de titres, auxquels viendront bientôt s’ajouter 8 titres supplémentaires. Ces films, choisis avec soin par les équipes d’Inter Film et de la FCCM dans le cadre de la Cofécic (Coordination des Fédérations de Ciné-clubs), subventionnée par le CNC qui nous en donne la mission, présentent une sélection de grande qualité de films de patrimoine et de films contemporains à des prix très bas puisqu’ils sont louables à moins de la moitié des prix de location habituels (90€ en DVD, 160€ en DCP).
Nous avions évoqué avec vous les classiques de Preminger, Mankiewicz, Dino Risi qui font désormais partie de ce catalogue, ainsi que certains films modernes et contemporains (Klapisch, Hirota). Nous y avons ajouté d’autres titres de patrimoine (Satyajit ray, Losey, Lang, Renoir) et contemporains (Greenaway, Zhang Yimou, Nakano)
Retrouvez l’ensemble de ces films, ainsi que les titres déjà présents au catalogue Rubans de rêve, sur la page Rubans de rêve.
Il serait vain de prétendre présenter ici l’un des plus grands chefs d’oeuvre de l’histoire du cinéma français. Il n’en reste pas moins que le plus grand film de Renoir continue, aujourd’hui comme hier, à frapper par sa modernité, sa fraîcheur, l’impertinence de son ton, l’extraordinaire talent de ses acteurs, l’intelligence de sa vision caustique d’une société française déchirée, dont les valeurs patriarcales s’effondrent, prête à basculer dans la guerre, qui vit avec une nostalgie désuète les derniers instants d’un passé en pleine implosion.
Autre écho d’une société en décomposition, sur un scénario de Bertold Brecht, fuyant lui aussi le nazisme, tout comme Lang, aux États-Unis, Brecht dont ce sera l’unique contribution au cinéma hollywoodien, Les bourreaux meurent aussi est le reflet, sous forme de fiction, de l’une des premières grandes réflexions, en temps réel pourrait-on dire, sur le nazisme et la résistance qui commence à l’époque, tant bien que mal, à s’organiser pour lutter contre le régime allemand.
Extraordinaire récit du déclin d’une société, là encore, cette fois de la société de castes indienne, vu à travers l’histoire, organisée en parabole, d’un noble proprétaire terrien du Bengale qui, confronté aux exigences d’une société matérialiste désormais dédiée à l’argent, néglige sa famille et son personnel et se retranche dans son palais en décrépitude pour consacrer sa fortune à sa passion pour la musique classique et la danse. L’un des plus grands films de Ray, qui parvient ici, indépendamment de ses talents de metteur en scène, à joindre à son regard critique sur les problèmes de société de son temps, directement hérité de Renoir, sa sensibilité de musicien qui offre à ce film un lyrisme sombre particulièrement étonnant.
L’un des grands films de Losey, qui déploie ici tout son talent britannique de cinéaste au service d’un regard ascerbe sur les déséquilibres d’une société de classe à travers une réflexion fascinante et cruelle sur les rapports inversés de maître à esclave.
Conte cruel se déroulant dans la Chine des années 1920 et mettant en scène la vengeance d’une femme, brillament interprétée par la grande Gong Li, et de son amant, sur un mari abusif et violent. L’un des grands films modernes de la nouvelle génération de cinéastes chinoise.
Premier opus de ce qu’on a pu considérer comme la tétralogie de la première période de Greenaway (avec Zoo, Le ventre de l’architecte et Drowning by numbers, qui en constitue l’aboutissement formel), dont la cruauté caustique du scénario est volontairement dissimulée derrière l’illusion d’un film en costumes se déroulant au 17ème siècle, Meurtre dans un jardin anglais est un objet étrange et fascinant dans l’histoire du cinéma britannique, à la fois réflexion sur la puissance des images, thriller décadent et polar décalé, au rythme des bijoux baroques de Purcell et des valses néo-classiques de Michael Nyman.
Magnifique réflexion à contre-pied sur le rôle des images, La famille Asada utilise un ton décalé, grinçant et humoristique, pour décrire, à travers le regard d’un photographe, les désirs inassouvis et les extravagances d’une famille japonaise, dans l’ombre du tsunami qui avait ravagé le pays neuf ans auparavant.
Classique absolu du film noir marquant les véritables débuts de Preminger au cinéma, et film culte bénéficiant d’une cinématographie tout en nuances, d’un jeu et d’une direction d’acteurs exceptionnelle (Gene Tierney, Dana Andrews, Clifton Webb, Vincent Price…), c’est une étude psychologique cruelle et acide comme Preminger en aura souvent le secret.
Nous restons avec Gene Tierney avec ce deuxième chef d’œuvre des années 40, quatrième film de Mankiewicz qui signe là l’une de ses plus belles réussites, parfaitement épurée dans la simplicité trompeuse et rusée de son scénario.
Sommet de la comédie italienne des années 60, Risi retrace dans Une vie difficile vingt années tourmentées de l’histoire contemporaine de l’Italie à travers le regard intimiste d’un personnage plein d’espoirs et d’illusions merveilleusement incarné par le génial Alberto Sordi.
Servi par une belle mise en scène de Klapisch et une pléthore d’excellents acteurs, Un air de famille rest l’une des plus grandes réussites scénaristiques du couple Jaoui/Bacri. Cruelle et pétillante, c’est indéniablement l’une des meilleures comédies françaises des années 90, à voir et à revoir.
Magnifique film d’animation japonais, c’est l’une des grandes réussites récentes de ce marché désormais quelque peu saturé, un très beau conte écologique et rêveur, intelligent et inventif, qui convient également à un jeune public.
Fabrice Bertrand