Cannes 2019 – Annie Demeyere

Posted by VisiteurDuSoir in Actualité, Critiques de films

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En guise d’avertissement

Je livre sur les films de la compétition officielle vus à Cannes des critiques complètement subjectives, excessives sans doute dans le sens de l’enthousiasme ou du dénigrement. Ces notices se composent de quatre rubriques : les films récompensés dont j’approuve les choix du jury, les films récompensés que moi, modeste cinéphile je n’eusse pas récompensés, les films non récompensés dont j’approuve le non-choix, enfin les films non récompensés dont l’oubli par le jury me semble injuste.

C’est mon CinémAnnie

Les films récompensés

Parasite 

de Bong Joon Hoo avec Song Kang-ho, Lee Sun-kyun…

Corée du Sud, 2019, 2h12

Palme d’or

 

Comme il y a roman total (romanesque, philosophique, historique) dont L’Homme sans qualité me semble un bon représentant, Parasite déploie de la première image à la dernière tous les genres de cinéma à la fois distincts et imbriqués. Imaginez les rails du Transperceneige, cetrain filant à toute allure. Imaginez d’autres rames, transports de bétail, train touristique qui passent et repassent sur les mêmes rails. La rame du documentaire se superpose à la rame comique elle-même recouverte par le gore et le fantastique. Tout tient ensemble : la famille coréenne de comédie italienne, pauvre mais débrouillarde est solidement ancrée dans la réalité d’une ville à l’architecture clivante. Le thème de l’usurpation et de l’infiltration fait de l’histoire un thriller psychologique. Les astuces et mensonges envers les riches un peu niais sont prétextes à scènes burlesques. Et au final l’hémoglobine recouvre le tout comme un tsunami pourtant annoncé. Haut et bas, riches et pauvres, assassin et assassiné les dichotomies tissent une toile d’araignée où le Pater familias à la différence du réalisateur triomphant retrouve le terrier kafkaïen. Bravo.

Les Misérables  

de Ladj Ly avec Damien Bonnard, Djibril Zonga, Alexis Manenti…

France, 2019, 1h40,

Prix du Jury

 

Montage d’images d’archives : Les Bleus ont gagné et la liesse patriotique emporte les préjugés et les différences dans l’utopie d’un monde réconcilié. Le film a son contexte, le mouvement euphorique de la foule des jeunes de banlieue forme le cadre. Zoom avant sur le commissariat. L’équipe de policiers de Montfermeil a un petit air de déjà-vu. Le petit nouveau débarqué de Cherbourg, laconique et clairvoyant, le flic issu de la cité, le petit blanc nerveux et bagarreur, un brin raciste et querelleur. Les portraits sont dessinés à grands traits et l’inénarrable Jeanne Balibar en commissaire flirteuse et mal coiffée est aussi crédible qu’une Adriana Karembeu servant la soupe aux SDF. Passé cette maladresse, le film nous embarque dans le drame documenté d’une bavure policière. Il le fait avec un grand sens des enjeux internes d’une cité sensible. Si les rôles sont distribués dans la classique sociologie à l’œuvre dans ce type de film, il ne perd pas de vue l’ambigüité de chaque place. Le conflit entre l’esprit de corps, la protection du groupe et la nécessaire empathie avec la victime, en l’occurrence un enfant, est le moteur d’un engrenage implacable.

La belle idée du film réside dans l’objet du délit : il ne s’agit pas de voler des téléphones portables, des télévisions Haute Définition, des baskets Adidas. Le gamin Issa a simplement volé le lionceau d’un cirque ambulant. Les forains fachos sont furax et chargent les flics de la mission de récupération. Voler vraiment ? Le discours du chef coranique a des accents de propagande L214. Le droit des animaux justifie le larcin d’Issa. D’une intrigue de comédie Ladj Ly fait une version moderne des Misérables de Victor Hugo. Le petit Issa Gavroche, humilié, blessé l’est dans son corps et sa dignité d’enfant. Comme le lionceau grandit dans la haine et la crainte du dompteur, Issa bascule avec ses congénères dans la spirale de la rancune.

Il y a des médiateurs. Des médiateurs institutionnels dont l’un est surnommé « le Maire ». Il y a le policier humaniste, raisonnable qui devra à la fin choisir son camp. Des séquences d’action dignes des meilleures séries comme Engrenages font bien plus qu’illustrer les tensions. Elles conduisent implacablement à l’affrontement suspendu entre violence et résilience. Issa que le réalisateur choisit d’envelopper d’une aura blanche perce l’obscurité à la manière d’un ange.

Portrait de la jeune fille en feu

de Céline Sciamma avec Adèle Haenel, Mélanie Merlant, Luana Bajrami…

France, 2019, 2 h
Prix du scénario

 

Au dix-huitième siècle Marianne, peintre, est engagée pour réaliser le portrait de mariage d’Héloïse. Celle-ci sort du couvent pour prendre la place d’une sœur défunte et épouser à sa place un riche milanais. Avec la complicité de la mère, Marianne va peindre Héloïse à son insu, dissimuler les pinceaux, les toiles. Les superbes paysages de landes bretonnes, les plages désertes filmées en plan large font de l’océan la limite de la liberté. Le destin tout tracé, le statut de mineure d’une jeune femme de ce temps sont bousculés par la peintre amoureuse et fascinée par son modèle. L’art, complice de la tradition, deviendra grâce à l’amour une passerelle fragile vers la liberté. La jeune servante engrossée complète le diptyque féminin des frustrations et des injustices. Céline Sciamma fait parler ses héroïnes en plan fixe. Les mots échangés, succincts, sobres disent avec une grande justesse les contradictions entre solitude et liberté, passion de l’art et acceptation de la vie. Si elle revient sur les bords aménagés de sa condition, Héloïse n’en a pas moins vécu une expérience sensuelle, impossible pari d’une autre vie.
Commencée comme La Leçon de piano, ce film bouleversant, hiératique n’est pas enfermé dans l’académisme de sa mise en scène. Ceux qui ont reproché au film la pesanteur historique, une mise en scène amidonnée n’ont pas été sensibles à la vibration émise par les corps, captée par Céline Sciamma. A la manière d’une photographe testant différents cadres, elle choisit toujours celui qui permet au modèle au sujet de dévoiler son essence.

Le Jeune Ahmed

de Jean Pierre et Luc Dardenne avec Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou
France, 2019, 1h24
Prix de la Mise en scène

Ce film est l’itinéraire d’une rédemption. Faisant écho au personnage du dernier Téchiné, fasciné par le Jihad, il suit au plus près les faits et gestes d’un adolescent radicalisé. Avec sa bouille naïve, ses petites lunettes d’enfant sage, Ahmed vit ses obsessions sectaires. Nous sommes chez les Dardenne, dans le déroulement sans musique d’un destin opaque. La mise en scène bressonienne montre et décrit, capte sans juger la névrose destructrice qui anime l’adolescent : altercations violentes avec la famille et l’école, justifications religieuses. Le décalage entre la dangerosité du gamin et le calme des éducateurs dépouille le film d’émotions superflues. L’apprenti terroriste à la ferme est-il en voie de guérison ou joue-t-il un jeu sournois ? Minimaliste, à l’instar d’une écriture blanche propre aux Dardenne, la caméra place au centre du cadre les différents objets contendants dont le gamin veut percer le corps de sa professeure. Couteau, stylo, brosse à dents… jusqu’au crochet final. L’utilisation de ces objets est réversible. Stylo qui écrit, brosse à dent objet d’hygiène, ils sont la métaphore de la religion qui peut en même temps produire la bonté et la malveillance.
C’est la prouesse du cinéma des Dardenne de toucher par le minuscule et le détail le domaine du symbolique. Le film fonctionne comme un thriller ne trouvant sa résolution qu’à la toute dernière scène. Résolution partielle qui laisse place au mystère d’une suite à écrire. 

Les films récompensés (avec mes réserves)

Douleur et gloire

de Pedro Almodovar avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia, Leonardo Sbaraglia
Espagne, 2019, 1h52
Prix d’interprétation masculine

Combien ce film, sorti un mois avant Cannes a suscité de commentaires élogieux !! Palmable, à coup sûr. Eh bien non, ce film a simplement reçu pour Antonio Banderas le Prix d’interprétation masculine.
On aime, ou du moins on connait Almodovar par ses mises en scène truculentes, où le mauvais genre bouscule les genres. Travestissements, rebondissements improbables, sexualité jubilatoire et transgressive, effets flashy ont constitué sa marque de fabrique. Alors beaucoup applaudissent à l’assagissement du turbulent réalisateur, à cette mise en abyme autofictionnelle, si fade pourtant. Les tourments d’un artiste en panne, les plongées dans l’enfance avec une Penelope Cruz trop peu paysanne, les maladies psychosomatiques dont Nanni Moretti devrait détenir seul une licence d’exclusivité n’ont pas touché mon cœur. J’attendais une forme d’autobiographie à la Jodorowsky ou à la Fellini. Pourquoi ne pas peindre sa vie avec les couleurs violentes des fictions, ses redondances et ses excès? Pourquoi cette cure d’amaigrissement? Le sérieux ne va pas au teint d’Almodovar. Le brusque décrochage d’un style vers un autre n’est pas sans risque. Bien sûr m’objectera-t-on pourquoi ne pas admirer avec la mise au pas des fantasmes la douce mélancolie du créateur? Si Nanni Moretti me bouleverse dans son road movie insulaire, c’est qu’il n’a jamais frayé avec le baroque almodovarien. Avec ce récit pagnolesque Almodovar, à mon grand regret, abandonne ses plus belles fusées pour lancer à hauteur d’enfant un petit feu d’artifice privé.

Atlantique

de Mati Diop avec Mame Binetta Sane, Mbow…

Sénégal, France, Belgique, 2019, 1h40
Grand Prix

 

Ce film commence par une immersion documentée dans le Dakar des manutentionnaires, porte faix, travailleurs forçats d’une économie de petits boulots mal payés. Quand on est jeune on rêve de partir, de s’embarquer sur les radeaux de l’Europe. La jeune Ada doit se marier avec un homme riche mais elle en aime un autre. Suleiman va disparaître sans lui dire au revoir. S’est- il noyé? A-t-il survécu? L’ailleurs ne sera jamais montré. Nous restons au bord de l’Océan, hantés par l’invisible naufrage. La nuit africaine fait de la ville un espace anxiogène. Peu à peu dérivent les fantômes. Le passage du récit réaliste et romantique incarné par l’amour des jeunes gens à une histoire de fantômes est négocié avec maladresse. Si dès le début aucune once de fantastique n’irrigue le réel, les candidats à l’exil restent pour le spectateur ces anonymes ballotés par les flots. Les rendre évanescents, faire de la mort un passage, c’est prendre le risque d’esthétiser la tragédie, et de les perdre une seconde fois.
Avec sensibilité et bonne volonté, Mati Diop croit pourtant qu’elle les sauve de l’oubli. Leur redonner un corps et un destin n’aurait-il pas fait mieux pour sauver leur mémoire?

Bacurau

de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles avec Barbara Colen, Sonia Braga, Udo Kier
France, Brésil, 2019, 2h12
Prix du Jury ex aequo avec Les Misérables 

Ce film récompensé m’a laissé peu de souvenirs. Le récit s’ouvre par l’enterrement de la matriarche dans le petit village de Bacurau. Théâtre d’étranges phénomènes relatés par un cinéaste documentariste, Bacurau lui-même s’efface avec le secret de ses habitants. Sonia Braga, l’actrice d’Aquarius en second rôle nourrit le souvenir du précédent film, plus accompli.

Les films non récompensés (quelle injustice !)

Le Traitre

de Marco Bellochio avec Pierfrancesco Favino, Rosario Palazzolo…

Italie, France, 2019, 2h15

 

Comment ce film a-t-il pu passer à côté de toutes les récompenses ? L’histoire est vraie. Tommaso Bruscetta, parrain notoire de la mafia sicilienne, réfugié au Brésil, revient en repenti collaborer avec le juge Falcone. La reconstitution historique est époustouflante : tout est là, règlements de compte, violence, trahison derrière le masque bourgeois de familles catholiques, de fêtes somptueuses à peine assombries par le hors champ où la mort rôde. L’itinéraire du repenti interprété par Pierfrancesco Favino s’inscrit dans cette longue histoire, la plus sanglante de la Cosa Nostra, celle qui débouche sur l’assassinat du juge Falcone.

Au-delà des figures obligées propres à ce genre d’histoire, Bellochio s’attache à la psychologie d’un homme en proie au doute, qui va peu à peu s’humaniser. Ce chemin épouse la durée du film. Traitre pour ses compagnons mafieux, il devient à nos yeux une belle figure de héros courageux. Il assume son choix de collaborer. Il possède la constance de ceux à qui est apparu le partage entre le Bien et le Mal. Avec Bellochio nous comprenons la difficulté de choisir le Bien, sans moralisme ni manichéisme, contre son groupe, dans la solitude et l’exclusion. Traitre, trahir ont la même étymologie que traduire. Traduire le dialecte sicilien des mafieux pour l’italien de la bonne conduite, ce n’est pas trahir mais transposer le langage brutal des tueurs en un langage de justice et d’équilibre.

Flamboyante, la mise en scène n’occulte pas les enjeux du drame. Elle se déploie d’une manière shakespearienne, épouse les méandres d’une conscience qui advient à la lumière de la vérité.

Les films non récompensés (sans regret)

The Dead Don’t Die

de Jim Jarmush avec Bill Murray, Tom Waits, Iggy Pop, Tilda Swinton…

Etats-Unis, 2019, 1h43

 

Modèle de zombie plus vrai que nature, le rockeur déjanté Iggy Popp est un figurant convaincant dans ce film parodique, énième resucée d’histoires de morts vivants romérien (attention assonance malencontreuse avec rhomérien). Ok on rigole, jaune, avec la farouche détermination des policiers à dégommer tous les zombies façon Jihad. Ces scènes répétitives où les têtes se décollent en dégageant une poussière noire de charbon sont trop complaisamment filmées. L’intention parodique est brouillée. L’astuce du film qui se veut pirandellien fait flop. La caméra ne bouge pas, sauf pour les scènes d’action. Les acteurs échangent des répliques pince sans rire. Le comique de répétition fonctionne poussivement. Tilda Swinton, croque mort (morte ?) déjà à l’œuvre vampirique dans le précédent film de Jarmush Only lovers left alive mouline du sabre avec le tempo d’une éolienne.

La fin du monde est mieux filmée dans les dernières séquences, avec des effets de fondu, de gore esthétisant. Dommage que le message d’une punition de l’humanité due à sa propension à la frivolité et à la surconsommation rappelle les alertes évangélistes. L’intention de Jarmush n’est pas suffisamment claire. Les coups de griffes à la politique de Trump, à son déni du changement climatique, de tout souci de l’environnement font mouche. On annonce que la terre est sortie de son axe comme une simple nouvelle de météo.

Plus qu’un film de zombie, Jarmush fait un film sur les films de zombie, criblés de références.

Au bout du compte, un film un peu vain et paresseux. Peut-être les frères Coen dont Jarmush adopte la dramaturgie déjantée auraient-ils ciselé un film plus abouti.

Sibyl

de Justine Triet avec Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Gaspard Ulliel…

France, 2018, 1h40

 

Virginie Efira est une psy qui décide d’arrêter sa pratique pour écrire. Elle se bat contre un penchant pour l’alcool. Quand sa dernière cliente appelle au secours (Adèle Exarchopoulos) elle ne peut lui refuser son aide. Actrice dépressive, celle-ci est amoureuse de l’acteur du film (Gaspard Ulliel) en actuelle production. Quand Margot tombe enceinte, elle se tourne vers Sibyl pour prendre sa décision. Avorter ou garder l’enfant? Sa carrière, prétend-elle, dépend de ce choix.

Un jeu de manipulation se met en place lorsque que Sibyl est appelée sur le tournage du film sur les îles éoliennes afin de coacher l’actrice.

Commencé de manière improbable, un peu confuse, le film est plus malin qu’il n’en a l’air. II adresse un clin d’œil au film de Rosselini Stromboli (Karen, jouée par Ingrid Bergmann est enceinte), au Mépris de Jean Luc Godard.

Matthias et Maxime

de Xavier Dolan avec Harris Dickinson, Xavier Dolan, Anne Dorval..

Canada, 2018, 1h59

 

Le charme du jeune réalisateur prodige, qui nous a tiré les larmes aux yeux à la sortie de Mommy n’opère plus. Des mères hystériques et sous-titrées, des jeunes gens jacasseurs en proie à des tourments adolescents, le petit monde de Xavier Dolan traité en abyme sous l’angle d’un tournage amateur peine à se renouveler. Il reste malgré tout des morceaux de bravoure, des séquences bouillonnantes de joie et de larmes où l’existence bascule.

Frankie 

de Ira Sachs avec Isabelle Huppert, Brendan Gleeson, Marisa Tomei…

France, Portugal, 2019, 1h38

 

Isabelle Huppert en Isabelle Huppert. Quand elle ne joue pas pour la énième fois la pianiste psychopathe (son dernier film Greta reprend ce thème), Isabelle Huppert joue son propre rôle. Sans la grâce de sa présence chez Hong-Sang-soo, la revoilà affublée d’un cancer, dans une belle villa portugaise. Les promenades bavardes, les flux générationnels confrontés à la maladie et aux vacances de riches semblent pasticher les picrocholines mésaventures rhomériennes.

A l’occasion de la projection, j’ai pu admirer de très près la star, en souvenir du livre d’Edgar Morin que Thierry Frémeaux cite dans l’un de ses discours pleins d’acuité. L’Isabelle Huppert, éclatante de naturel sur les écrans de ma mémoire, était au bout du compte figée dans le halo fragile de l’artifice baudelairien.

Les Siffleurs 

de Corneliu Porumbiu, avec Vlad Ivanov, Catrinel Marlon, Rodica Lazar…
Roumanie, France, Allemagne, Espagne, 2019, 1h37 

Entre La Taupe de John Le Carré et Les Messagers du vent, ce film met en scène un inspecteur de police corrompu. Les films de corruption semblent un genre en soi du cinéma roumain. Quand Cristi rencontre la belle Gilda sur les îles Canaries, la caméra s’attache à la plastique de l’actrice, James Bond Girl peu crédible. Et le Silbo, langue sifflée ancestrale qui leur sert de code secret, censée nous surprendre, sonne à nos oreilles comme un ridicule jeu enfantin.

Le Lac des oies sauvages

de Diao Yi’Nan avec Fan Liaio, Ge Hu, Kwaï Lunmei…
Chine, 2019,1h57

 

Polar nocturne, pluvieux et silencieux dans la veine de Black coal, ce film de gangsters plutôt sophistiqué louvoie dans le milieu de la prostitution nimbé d’un vague romantisme. Les deux jeunes gens, héros de l’histoire, jeune chef de gang et prostituée évoquent le couple de Crime et châtiment. Mais les accents dostoïevskiens buttent sur l’ordinaire des films de genre que le cinéaste ne parvient pas toujours à dépasser.

Roubaix, une lumière

d’Arnaud Desplechin avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier…
France, 2018, 1h40

 

Tout juste digne d’un film de télévision cette confrontation entre le policier Daoud et deux junkies criminelles ressemble à un exercice de conservatoire. Ni Léa Seydoux ni Sara Forestier n’ont la force de Sophie Marceau dans le Police de Pialat. Arnaud Desplechin est inspiré par les fêtes de Noël qu’il pense transgresser. Mais on conseille au réalisateur de profiter gentiment de la buche et des cadeaux sous le sapin.

- Annie Demeyere, Inter Film

Tags: Cannes 2019, festival