Image

FICHE TECHNIQUE

 

 

Source fiche technique  : Wikipedia 

RESUME

Normandie, 1819. A peine sortie du couvent où elle a fait ses études, Jeanne Le Perthuis des Vauds, jeune femme trop protégée et encore pleine des rêves de l’enfance, se marie avec Julien de Lamare. Très vite, il se révèle pingre, brutal et volage. Les illusions de Jeanne commencent alors peu à peu à s’envoler. [Diaphana]

 

CRITIQUE

Prix Louis Delluc 2017

Stéphane Brizé (Quelques jours de printemps, La loi du marché) adapte le roman homonyme de Guy de Maupassant.

 Sortie du couvent, Jeanne Le Perthuis des Vauds (Judith Chemla) retrouve ses parents affectueux et protecteurs (Yolande Moreau, Jean-Pierre Daroussin). De petite noblesse normande, ils vivent de leurs terres. Jeanne aime jardiner avec son père, jouer aux cartes dans la tranquillité teintée d’ennui de la vie provinciale. Quand Julien de Lamare la demande en mariage, elle accepte ce joli parti. La servante (sœur de lait) tombe enceinte des œuvres du mari. Blessée aussi bien par l’acte que par le mensonge et la dissimulation, elle veut rompre et retourner chez ses parents. L’homme d’église, bien sûr, l’exhorte à pardonner. Malgré l’avarice et la froideur de Julien, Jeanne se ménage des joies simples. Elle donne naissance à un fils et la vie eût pu se dérouler sans heurts, insipide, sans relief. Mais la contrition du mari n’était qu’une façade. Il entame une liaison avec sa meilleure amie tandis que le mari de celle-ci ignore tout de l’adultère. Mortifiée autant pour elle que pour le mari de son amie, elle obéit à l’ordre pervers de son confesseur de tout dire au mari. Cet aveu va précipiter la tragédie.

Seule avec son fils, son amour ne suffit pas. Le petit garçon difficile se révèlera un adulte dispendieux. Il est parti depuis vingt ans, réclame son héritage. Vendant une ferme après l’autre elle se retrouve dans un dénuement extrême. Seul le retour de la servante auprès d’elle la tient au bord de l’abîme. Une nouvelle vie viendra clore le cycle des malheurs. « La vie n’est jamais ni aussi bonne ni aussi mauvaise qu’on croit » dit l’amie en une formule où se cristallise la douce acceptation du destin.

Loin de l’illustration, usant avec bonheur d’ellipses temporelles, jouant de l’insertion dans le présent de scènes romantiques entre rêve et réalité, le film d’une lumière et d’une photographie remarquables est un équivalent visuel du roman : le plus bel hommage que peut faire un cinéaste à un écrivain.

Annie Demeyere