Le Mouvement Ciné-Club


L’ÉTINCELLE

Dès les années 20 et 30, s’appuyant sur le cinéma d’avant-garde, cinéastes et artistes commencent à théoriser une autre approche du cinéma que celle du simple divertissement : Louis DELLUC, créateur du « Ciné-Club », Riccioto CANUDO, LES AMIS DE SPARTACUS, Jean VIGO inventent l’analyse cinématographique que d’autres, Léon MOUSSINAC, Georges SADOUL, vont transformer en mouvement de résistance contre les censures. L’histoire naissante du cinéma est liée à celle de ces ciné-clubs expérimentaux.

 

LE CINÉMA NOUS APPARTIENT

Tout paraît possible, à la Libération, après cinq années de barbarie et de privations. Tout, même le fait d’arracher le cinéma au commerce. Se créent, de façon totalement inédite, des centaines d’associations qui se donnent le nom, inventé par Louis DELLUC, de ciné-clubs.

Les fondateurs du Mouvement ne respectent qu’une seule règle : celle de la liberté retrouvée. Ils sont enseignants, étudiants, membres de professions libérales, ouvriers, anciens résistants: ils sont indifférents aux règles de « l’exploitation cinématographique commerciale » dont la conception leur semble appartenir à un passé révolu.

Violente résistance des professionnels de l’exploitation traditionnelle. Procès intenté à Jean MICHEL, professeur de lettres, fondateur du ciné-club de Valence et créateur de la forme la plus aboutie du Mouvement, le ciné-club de jeunes – comparable à « l’école active » de Célestin Freinet. Procès gagné par Jean MICHEL et, avec lui, par l’ensemble du Mouvement. Est reconnu désormais à toute association déclarée (Loi de 1901) le droit d’organiser des projections cinématographiques dans un but culturel et non lucratif.

LA RECONNAISSANCE DU MOUVEMENT CINÉ-CLUB

La reconnaissance de ce droit est cependant liée à la soumission à des règles définies dès le décret du 28 janvier 1946 et, aujourd’hui, aux textes juridiques mis à jour de la Réglementation du Cinéma non commercial : Code du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (24 juillet 2009, articles L.214-1 à 214-9 – Décret n°2013-380 du 3 mai 2013).

Comme il y a – déjà – 70 ans, le ciné-club y est défini comme association habilitée à diffuser la culture par le film, formule nous ayant autorisés à proposer une CHARTE inspirée par l’emploi de trois substantifs qui sont, à eux seuls, tout un programme: 

association – culture – film

CHARTE DU CINÉ-CLUB

Association

Le ciné-club est une association dans toute l’acception du mot, c’est-à-dire fondée sur :

  • l’action volontaire de se réunir,
  • d’une manière durable
  •  pour une union dans un but déterminé

Il s’agit d’un élan collectif, du désir originel « d’être ensemble ».

Le ciné-club est une forme de démocratie directe, composée de citoyens qui exercent leur souveraineté dans leurs relations avec un mode d’expression universel, le cinéma. Ils y revendiquent l’exercice de la liberté de choix et de connaissance, l’insoumission aux dominations extérieures, la recherche des cohérences.

Culture

Le ciné-club a pour but la diffusion de la culture, on devrait mieux dire des cultures. Par son caractère universel, le cinéma ouvre le chemin vers toutes les autres formes de culture artistique mais aussi, mais surtout, vers l’acquisition des connaissances indispensables au développement du sens critique et du jugement. Le ciné-club ne borne pas ses objectifs à l’obtention d’un grade en cinéphilie mais, de façon plus ambitieuse, prétend participer à la formation et à la culture de l’homme et du citoyen.

Film

Le film est l’expression d’une pensée. À ce titre, il est indispensable de lui accorder le plus grand respect. Pour cette raison, le fait de voir un film impose de se soumettre à un rituel, ce qui ne signifie nullement à un culte ou à une liturgie. Tout au contraire, le rituel qui consiste à rencontrer un film et à le recevoir invite à se délivrer de toute croyance et à exercer librement sa réflexion et sa sensibilité afin d’être maître de ses pensées, de ses émotions, de son plaisir.

C’est ainsi que l’histoire du Mouvement Ciné-Club s’est inscrite dans l’histoire de l’art cinématographique et qu’elle a été et demeure le modèle fondateur des multiples expériences et pratiques qui ont fait de notre pays celui de l’amour du cinéma : Cinémathèques régionales et nationales, réseau des salles Art et Essai, Festivals, Cycles cinématographiques de grandes Institutions et de Musées et jusqu’aux « dispositifs » commerciaux du CNC en direction des jeunes et des publics désavantagés.

C’est la force du Mouvement Ciné-Club que d’être choisi par d’autres comme modèle et d’assurer en son sein la pérennité des principes de son action et de sa spécificité: l’engagement associatif désintéressé et la liberté d’action.