Mickey and the bear

 

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FICHE TECHNIQUE

Réalisation Annabelle Attanasio
Production
  • Anja Murmann
  • Sabine Schnek
  • Lizzie Shapiro
  • Taylor Shung
Scénario Annabelle Attanasio
Casting
Musique Brian McOmber
Photographie Conor Murphy
Montage Henry Hayes
Producteurs 
  • Thick Media
  • Shorelight Media
Distribution Utopia
Date de sortie
  • 9 mars, 2019 (SXSW)
  • 15 novembre, 2019 (EU)
Durée 86 minutes
Pays Etats-unis
Langue Anglais 

Source fiche technique  : Wikipedia 

RESUME

Mickey Peck, une adolescente du Montana, a la lourde responsabilité de s’occuper de son père, un vétéran accro aux opiacés. Quand l’opportunité se présente de quitter pour de bon le foyer, elle fait face à un choix impossible…

CRITIQUE

Père et fille : une figure particulière de la névrose familiale. Nous sommes dans l’Amérique rurale, le Montana aux paysages grandioses. Mickey va bientôt avoir dix-huit ans. Brillante élève elle a un petit boulot chez un taxidermiste. Le film dévoile peu à peu les raisons d’un huis clos mortifère. Nous accompagnons Mickey dans ses démarches auprès des médecins et des services sociaux qui traitent de l’addiction de son père.

Relation fusionnelle où les rôles s’inversent. L’ambivalence de l’amour et de la haine les occupe, Mickey prenant la place de la mère défunte. Le père se montre tour à tour affectueux et violent. Mickey sacrifie sa jeunesse, ses petits amis à ce père qu’elle aime d’un amour toxique. Vétéran de la guerre d’Irak, il fait subir à Mickey la violence de ce traumatismecollectif. Mais la réalisatrice n’en fait pas le pivot unique du film. Certes la guerre a détruit cet homme comme la guerre du Vietnam a détruit la génération précédente. Mais le film traite d’une forme de « Pitié dangereuse » La réalisatrice s’attache à l’impossible guérison, au courage et à l’abnégation de Mickey, fille aimante, envers et contre tout. Jusqu’à une limite à ne pas franchir.

Espoirs et rechutes, conflits apaisés le temps d’une fugace réconciliation, le film monte en puissance dramatique. Mickey va devoir faire un choix. Camila Morrone (Bukowski de James Franco), à contre-emploi d’une beauté hiératique, donne au personnage la profondeur simple des héroïnes malgré elles. Le trait n’est jamais forcé dans ce film sobre et pudique. Le hors champ fait de la mère et de l’épouse disparue une figure bienveillante qui les a laissés orphelins. L’acteur prolifique James Badge Dale incarne à la perfection le mélange de cruauté et d’auto- apitoiement qui est le propre des comportements névrotiques.

Le second petit ami au charme métis précipite le dénouement. Comment aimer lorsqu’un père bouche l’horizon de l’avenir ? Rester ? Fuir pour survivre ?

Annabelle Attanasio, actrice, passe avec talent derrière la caméra. Elle fait preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène, à la fois forte et délicate. Comment mieux illustrer en filigrane les correspondances entre l’amour et la mort que d’installer Mickey, à intervalles réguliers, seule parmi les trophées d’animaux morts ? Ne sont-ils pas la métaphore de tous les soldats tombés au front, à la vie mutilée ?

A l’image d’un ours blessé se débattant en vain avant de succomber à l’arme du chasseur, le chasseur et sa proie ne forment qu’un seul corps.

 

Annie Demeyere