Les Aventures Fantastiques

(Vynález Zkázy)

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FICHE TECHNIQUE

  • Titre : L’Invention diabolique
  • Titres alternatifs : Une invention diabolique ; Aventures fantastiques ; Les Aventures fantastiques
  • Titre original : Vynález zkázy
  • Réalisation : Karel Zeman
  • Scénario : Karel Zeman et František Hrubín, d’après Jules Verne
  • Musique : Zdeněk Liška
  • Production : Československý Státní Film, Filmové Studio Gottwaldov
  • Pays d’origine : Tchécoslovaquie
  • Technique : acteurs vivants, marionnettes, dessins animés
  • Genre : film d’animation
  • Format : Noir et blanc - 35 mm
  • Durée : 83 minutes
  • Date de sortie : 1958

DISTRIBUTION

Fiche Technique : Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article L’Invention diabolique de Wikipédia en français (auteurs)

RESUME

Inspiré du roman de Jules Verne « Face au Drapeau », film poétique fantastique: des personnages réels évoluent dans les décors des éditions Hetzel des romans de Jules Verne, à la recherche du comte Artigas voulant s’emparer d’une invention diabolique pour devenir maitre du monde. 

 

CRITIQUE

Karel Zeman fut dessinateur avant d’être cinéaste. Ayant intégré les studios d’animation de Zlin en 1943, il contribua par son esthétique unique au cinéma à la créativité foisonnante des studios d’animation tchèques de ces années.

Le choix de Jules Verne pour le scénario des Aventures Fantastiques est loin d’être anecdotique. Auteur lui-même d’une oeuvre hybride, Verne développa à la fin du XIXème siècle un style de romans d’aventures unique dans l’histoire de la littérature. Fortement inspiré par l’ère industrielle de la fin du XIXème siècle et les possibilités futures que les avancées technologiques de l’époque faisaient entrevoir, il inventa une littérature qui, tout en se moulant dans le format populaire du roman feuilleton, déploie une inventivité, un travail préparatoire de documentation et un don de l’anticipation qui feront de lui l’un des tous premiers maîtres de la science-fiction, des décennies avant que ce style ne soit clairement défini, dans les années 30.

Karel Zeman crée, lui aussi, des films hybrides. Mélange virtuose de prises de vue réelles et d’animation, il déploie dans ses films un savoir-faire de l’effet spécial (encore une notion qui ne sera formulée sous cette forme que bien des années plus tard) unique en son genre et profondément poétique. Se réclamant de l’héritage du cinéma illusionniste des débuts du siècle, celui de Méliès et de Griffith, tout en traitant de sujets futuristes et technologiques propres à Jules Verne, il fait la preuve brillante de la capacité qu’a le cinéma à être un art total de l’illusion, c’est-à-dire non pas un art de la tromperie qui créerait une illusion parfaitement réaliste (l’obsession technologique de la « crédibilité » de l’image et des effets spéciaux), mais un art hybride, empruntant à d’autres médias certains de leurs éléments épurés de manière à obtenir un objet esthétique unique et parfaitement original.

Dans les Aventures Fantastiques, les vagues et le ciel sont striées de hachures rappelant les gravures qui apparaissaient sur les volumes de Jules Verne publiés par Hetzel. L’image elle-même ondule, comme si la pellicule était plongée sous l’eau, les proportions sont inversées, les volumes jouent sans cesse sur l’ambiguité entre le volume et son absence. Bien des cinéastes modernes ont retenu la leçon de Zeman et se sont inspirés de cet usage éminemment poétique de l’illusion cinématographique. On pense, entre autres, à Alain Resnais, cinéaste de l’hybridation lui aussi, et notamment aux a-plats peints sur plaque de verre d’Envi Bilal réalisés pour La Vie Est Un Roman ou encore les grands a-plats de tissus au milieu desquels évoluent les personnages d’Aimer, Boire et Chanter. Pour rester en France, il nous semble probable que Jeunet et Caro, eux-mêmes fortement attirés par l’univers du Steam Punk, aient eu les films de Zeman en tête lors de leurs somptueuses réalisations. Ou encore Michel Gondry, qui s’est systématiquement attaché à n’utiliser dans ses films que des illusions optiques, dans la grande tradition de prestidigitation cinématographique brillamment développée au début du siècle par Méliès.