Image

FICHE TECHNIQUE

 

Source fiche technique  : Wikipedia

RESUME

A la fin du XIXème siècle, dans une fabrique textile de Turin, les ouvriers, soumis à un rythme de travail infernal, voient se multiplier les accidents. Trois d’entre eux entrent en conflit avec le contremaître à la suite d’un nouveau drame. Il est alors décidé, en guise de protestation, que tous partiront une heure plus tôt ce soir-là. Mais cette action n’est pas du goût des patrons, qui profitent de l’inexpérience de ces hommes simples pour les berner. Les sanctions tombent. L’instituteur Sinigaglia, un militant socialiste, fraîchement débarqué de Gênes, pousse les ouvriers à s’organiser…

CRITIQUE

Dans une veine néo-réaliste, le film retrace le combat des ouvriers d’une filature turinoise à la fin du 19ème siècle. Rappelons-nous que la première dénonciation de l’exploitation capitaliste est née en 1842 de l’expérience du jeune bourgeois Engels dans une filature anglaise, propriété du père. Dans le bruit infernal des machines, hommes et femmes assujettis quatorze heures par jour sur le métier sous l’œil d’un contremaitre en surplomb vivent l’injustice des exploités.L’immersion dans la fabrique est quasi documentaire comme l’était le roman Germinal. Le choix du noir et blanc s’accorde à la grisaille des vies routinières, des maisons insalubres où logent à l’étroit parents et marmaille. La sirène de l’usine, après la courte pause déjeuner taquine et conviviale marque le retour à la réalité.

L’accident d’un vieil ouvrier allume la mèche de la révolte. Mais il est difficile de s’organiser quand personne n’a de conscience politique. L’inégalité semble une fatalité inscrite dans la tradition des bourgeois arrogants, des patrons d’usine ironiques et paternalistes. La solidarité par la collecte de fonds est la seule réponse possible. L’arrivée de Gênes du professeur Senigaglia (Marcello Mastroianni) va changer la donne. Personnage inquiet, beau parleur charismatique, il fédère la colère et convainc les ouvriers de faire grève. Jusqu’au film de Stéphane Brizé En guerre, avec Jérôme Lindon en syndicaliste passionné, les problématiques de la lutte sociale sont à la fois intangibles et nouvelles. Rallier tous les ouvriers à la grève, convaincre les réticents et les « jaunes » de la justesse de la cause, utiliser si besoin la violence contre les indécis….l’enjeu est celui de la victoire et d’une fin qui justifie les moyens. Car la morgue des patrons est incommensurable. En l’occurrence, embaucher les chômeurs du Sud, pauvres parmi les pauvres est une stratégie éprouvée pour casser les grèves. Le train des miséreux venus prendre la place des grévistes est arrêté façon western. Le film passe des scènes de groupe (réunions houleuses, votes brouillons) au portrait plus intime du professeur. La petite idylle avec une jeune courtisane (Annie Girardot) qui préfère le tapin à l’usine disperse quelque peu l’intérêt politique du film. Au bout du compte, parce que la lutte sociale est faite de répétitions, de ressassements, de défaites et de victoires, le film manque quelque peu d’originalité. L’aspect documentaire est malheureusement brouillé par certaines errances du scénario, quelques facilités de mise en scène. La confrontation entre les grévistes et la troupe tourne au mélo.

Malgré ces réserves, Les Camarades est un film nécessaire à la compréhension de l’histoire italienne. Dommage que les voix françaises de titis parisiens ne correspondent pas au phrasé volubile de personnages qui parlent avec les mains.

 

Annie Demeyere