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Mario, jeune employé de banque, rencontre Natalia un soir au bord d’un canal. Le comportement de la jeune fille l’intrigue. Il revient, la retrouve et découvre bientôt qu’elle attend l’homme qu’elle aime qui lui a donné rendez-vous un an auparavant au bord du canal. Mario va tenter et presque réussir à se substituer à cet amour qui lui semble désormais improbable.
Penchée sur le parapet d’un pont, une jeune femme, Natalia, semble prête à se jeter dans le canal. Passe Mario petit fonctionnaire fraichement muté à Livourne. Fasciné et ému par l’étrange comportement de la jeune fille, il se heurte cette nuit-là à une dérobade qui attise son désir de séduction. Le deuxième soir, au même endroit, l’empressement de Mario la pousse aux confidences. Le film avance alors en flash-back. Tombée éperdument amoureuse du locataire de l’appartement qu’elle occupe avec sa grand-mère aveugle, elle obéit tous les soirs au serment qu’il lui a fait. Il a dû quitter la ville pour de mystérieuses raisons mais a promis de la retrouver dans un an, au même endroit, à dix heures du soir. L’année est passée. Le même espoir la ramène tous les soirs sur le pont.
Tourné en studio, en noir et blanc, le film transpose une nouvelle de Dostoïevski. Saint- Pétersbourg devient Livourne, ville crépusculaire de canaux et de ponts. La ville est un décor intemporel, onirique plus proche d’une romantique Venise hivernale digne d’abriter l’amour fou de Natalia. Car il s’agit bien d’amour fou, pari qui mise sur la toute-puissance du rêve et sa faculté auto-réalisatrice.
Mario ne croit pas au retour de l’homme qui n’a même pas de nom. L’obsession de Natalia, sa conviction inébranlable range l’héroïne du côté des grandes amoureuses comme Adèle H.
Maria Schell, femme enfant, ingénue aux grands yeux brillant de fièvre, toujours en mouvement, oscille entre folie et sagesse. Que fait-elle d’autre que de croire à une promesse ? La fidélité à une parole prononcée un jour se heurte à la rationalité intéressée de Mario. Fasciné par l’entêtement de Natalia, il souffre d’en être amoureux, impuissant à la raisonner. Mais la raison triomphera-t-elle ? Les trois nuits sont suspendues à l’espoir déçu. La déambulation de Mario ouvre le labyrinthe d’une ville de conte cruel, entre prostituées, clochards, silhouettes fantomatiques. Jean Marais semble sortir d’un film de Jean Cocteau. Ni jeune ni vieux il incarne la figure tutélaire du prince charmant que l’hallucination de l’amour fait sortir des limbes. Mario a perdu, avec lui le réalisme ordinaire des sentiments. Triomphe l’utopie de l’amour, dans le renversement de l’illusion en vérité.
Annie Demeyere