Cannes 2016 – Sélection officielle – 8 films

Posted by VisiteurDuSoir in Actualité, Critiques de films

Image
Sélection officielle
Festival de Cannes 2016

Parmi les films de la Sélection  Officielle que j’ai pu voir,  je voudrais en recommander 3 qui figurent au palmarès : Baccalauréat (prix de la mise en scène ex aequo avec le film d’Assayas, Personal shopper, que je n’ai pas trouvé réussi du tout), Forushande (Le Client) (prix du scénario et prix d’interprétation masculine) et  enfin I, Daniel Blake (Moi, Daniel Blake) (palme d’or).

1/ Baccalauréat - Film roumain de Christian Mungiu.

On suit avec intérêt sans le moindre relâchement les évènements qui font basculer la vie de « Roméo » médecin d’une petite ville de Transylvanie, alors même qu’il avait tout mis en œuvre pour que sa fille Eliza, brillante élève puisqu’elle a intégré après son baccalauréat une université anglaise. Mungiu, à travers son personnage et les choix qu’il fait en contradiction avec les principes qu’il a inculqués à sa fille, fait une peinture sans complaisance des multiples petits aménagements ou compromissions que sont amenés à faire les personnes à tous les niveaux de la société  lorsqu’elles sont confrontées à un système où les pesanteurs et lenteurs administratives paralysent tout. Ce film souligne les travers de ces systèmes et nous amène à nous interroger sur les limites de nos principes et de nos choix de vie.

2/ Le client  – film iranien de Asghar Farhadi.

Bien mérité ce prix du scénario. Cette fois c’est la vie d’un jeune couple qui bascule à l’occasion d’un déménagement forcé de leur immeuble en plein centre de Téhéran mais qui menace de s’effondrer. Leur relogement conduira ce couple sur des chemins inattendus. L’histoire est parfaitement menée, la mise en danger des protagonistes est palpable et très poignante. On reste au plus près des personnages tout en étant plongé dans l’atmosphère de l’Iran d’aujourd’hui.

3/ Moi,  Daniel Blake - film britannique de Ken Loach.

Oui certes, le film est un peu convenu, sans grande surprise et même si je l’ai bien apprécié, je ne lui aurais pas donné la palme face aux deux films précédents et peut être face à « Juste la fin du monde » de Xavier Dolan que je n’ai pas pu voir. MAIS, il n’empêche que c’est un beau et bon film sur un sujet important (L’individu et l’individu atteint dans sa santé qui lutte confronté à l’aveuglement et à l’absurdité d’un système médico administratif). L’émotion est là,  toujours devant de beaux portraits d’hommes et de femmes d’aujourd’hui, toujours parfaitement joués.  Alors, pourquoi bouder son plaisir devant une belle humanité ?  Merci Ken Loach !

Je voudrais aussi attirer l’attention sur 5 autres films qui n’ont pas été récompensés mais que j’ai trouvés intéressants : Loving et Toni Erdmann surtout, mais aussi avec un bémol :  Elle,  Julieta et La fille inconnue.

Loving - Film américain de Jeff Nichols

L’histoire vraie de Mildred et Richard Loving, un couple mixte (elle est noire et il est blanc) dans l’Amérique ségrégationniste de 1958. Jeff Nichols nous conte leur histoire, leur combat pour défendre leur amour et leurs droits civiques. La tension dramatique est intense, le rythme est parfait et l’émotion est au rendez-vous sans tomber dans la facilité. Le jeu subtil de Joël Edgerton en Richard Loving, aurait à mon avis bien mérité un prix d’interprétation masculine. 

Tony Erdmann - film allemand de Maren Ade

Si on en croit l’applaudimètre et le bouche à oreille, ce film aurait dû être récompensé. Oui, il a apporté un souffle de légèreté et de tonus cette année sur la Croisette. En lisant le pitch : « Un père décide d’aider sa fille à retrouver le sens de l’humour en multipliant les farces… » à cause de ce terme de « farce », je m’attendais à un film un peu lourd, jouant sur le grotesque, il n’en est rien, les effets comiques sont extrêmement bien amenés, avec une grande précision des gestes et des effets de surprise pour parvenir à l’effet recherché.  Le personnage féminin d’Inès joué par Sandra Hüller est très attachant. Le rire n’empêche pas non plus de belles émotions dans ce film libre et inattendu.

Elle - film de Paul Verhoeven (Pays bas)

Déjà sur les écrans parisiens, un film bien raconté, bien monté et bien joué. Bravo à Isabelle Huppert !  Ce que je vous souhaite, c’est qu’il n’y ait pas un indiscret (journaliste ou de votre entourage) qui vous raconte le ressort du film. Sinon, c’est cuit, vous n’en profiterez pas.  Je ne dirai donc rien sur cette histoire d’agression, de viol et de traque… 

Julieta - film espagnol de Pedro Almodovar

Certes, ce n’est pas le meilleur Almodovar mais il sait raconter une histoire et nous tenir en haleine avec. Et pourtant… tout ça pour ça… L’histoire n’a rien de très extraordinaire.  Il n’empêche, on suit le chemin, il nous embarque et c’est beau. C’est régal des yeux et harmonie sans faute de goût. Moi, j’en redemande. 

La fille inconnue - film belge des frères Dardenne

Bon, là, il y a quand même des scènes inutiles et ratées. Jérémie Renier n’est pas bon du tout selon moi; par contre Adèle Haenel est assez touchante et joue juste même si elle semble un peu jeune pour jouer le rôle de médecin d’expérience.

- Michelle et Marc Bucillat, Ciné-club Les Félés de la Bobine (Paris)

RETOUR AUX ARTICLES   

Tags: Asghar Farhadi, Baccalauréat, Cannes 2016, Christian Mungiu, Critique, Daniel Blake, Elle, festival, Frères Dardenne, Jeff Nichols, Julieta, Ken Loach, La fille inconnue, Le client, Loving, Maren Ade, Moi, Paul Verhoeven, Pedro Almodovar, Toni Erdmann